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Mayotte : après le cyclone, l’indispensable solidarité

Mis à jour le par Pierre Lemarchand
Une salle de classe de l'école primaire Cavani détruite à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, le 14 décembre 2024 après le passage du cyclone Chido.
Une salle de classe de l'école primaire Cavani détruite à Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte, le 14 décembre 2024 après le passage du cyclone Chido. ©Daniel Mouhamadi / AFP

Dès l’annonce du passage dévastateur du cyclone Chido sur l’archipel des Comores, le samedi 14 décembre, le Secours populaire a pris attache avec ses partenaires locaux à Mayotte et lancé un appel aux dons, afin d’enclencher la solidarité, alimentée dès à présent par un fonds d’urgence débloqué de 100 000 €. Si le Secours populaire appelle à la générosité, il encourage aussi la mobilisation populaire, qui s’exprime déjà par des initiatives de sensibilisation et de collecte de dons financiers, de la part de ses bénévoles : enfants « Copain du Monde », jeunes, animateurs-collecteurs. Fort de sa longue expérience pour faire parvenir la solidarité face aux conséquences de catastrophes naturelles, le Secours populaire se porte aux côtés de ses partenaires mahorais pour soutenir leur action en direction des sinistrés – action qui s’inscrira inévitablement dans la durée. Se reconstruire, après qu’on a tout perdu du jour au lendemain, prend du temps.

« Des dégâts immenses sont à déplorer, en particulier pour sa frange la plus vulnérable, vivant dans les habitats précaires et informels des bidonvilles. »

La population a été frappée de plein fouet par la violence des vents qui ont soufflé à plus de 220 km/heure et des dégâts immenses sont à déplorer, en particulier pour sa frange la plus vulnérable, vivant dans les habitats précaires et informels des bidonvilles. L’archipel, pourtant frappé par de terribles tempêtes en 1934 et 1984, vit la pire catastrophe de son histoire. Au moins 100 000 personnes (un tiers de la population) se trouvent aujourd’hui sans toit ni eau à Mayotte, le plus pauvre des départements français, coupé du monde en raison de réseaux électrique et téléphonique terrassés. Un premier décompte fait état du décès de 20 personnes mais la préfecture anticipe un bilan bien plus lourd, portant le nombre de morts à plusieurs centaines, voire milliers.

« Les liens qui unissent le Secours populaire à ses partenaires mahorais sont étroits, profonds et continus. La solidarité y est un dialogue ininterrompu. »

Depuis plusieurs mois, le Secours populaire travaille, avec ses partenaires mahorais, à la mise en œuvre d’une opération dans le cadre de la campagne des Pères Noël verts pour venir en aide aux familles en grande difficulté de la ville de de Tsingoni, aujourd’hui en ruines. En novembre dernier, des jeunes de cette même région ont participé au Festival des solidarités de la jeunesse du Secours populaire qui s’est tenu à Montpellier. Cet été, des enfants de Mayotte, et notamment de la ville de Dembéni, ont été invités dans l’hexagone, au sein des villages « Copain du Monde » et lors de rencontres des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024. C’est dire si les liens qui unissent le Secours populaire à ses partenaires mahorais sont étroits, profonds et continus. La solidarité y est un dialogue ininterrompu.

« Dans quelques jours, une mission du Secours populaire se rendra à Mayotte pour y rencontrer ses partenaires. »

Dans quelques jours, une mission du Secours populaire, incluant des « Médecins du SPF » (professionnels de santé bénévoles), se rendra à Mayotte afin d’y rencontrer ses partenaires. En ces temps où la pauvreté gagne chaque jour du terrain, en ces jours qui précèdent Noël, l’association tient à les assurer de sa présence indéfectible à leurs côtés. L’appel du Secours populaire à la générosité, mais aussi à la mobilisation de toutes et tous, lui procurera les moyens financiers pour apporter la solidarité aux populations sinistrées. L’ancrage local de ses partenaires leur permettra d’agir au plus près des besoins, que ceux-ci commencent à recenser dans les environs de Dembéni et Tsingoni. Dans ce travail en réseau, des attaches sont également prises par le Secours populaire avec ses autres partenaires de l’océan Indien, comme aux Comores ou sur l’île de la Réunion, éprouvée, au mois de janvier de cette année, par le cyclone Belal. L’expertise et le concours de ces partenaires seront précieux.

« Apporter une solidarité concrète, chaleureuse, sur la durée et en associant les populations elles-mêmes : telle est la tâche à accomplir. »

La délégation du Secours populaire imagine déjà, pour soutenir la population mahoraise meurtrie, différents axes d’action, tels que le rééquipement de structures collectives, la reprise des activités quotidiennes pour que chacun retrouve sa dignité ou l’organisation de Journées bonheur (des bouffées d’oxygène pour les enfants et leurs familles traumatisées). Inévitablement, Noël sera un temps fort de cette indispensable solidarité. Le soutien à la continuité éducative et scolaire sera priorisé, exprimant ainsi la préoccupation historique de l’association pour l’enfance. Sont également envisagées des actions de prévention dans la lutte contre les épidémies, par la mise en place de filtres permettant de potabiliser l’eau.

Reconstruire les bâtis comme les âmes, semer des graines d’espoir, apporter une solidarité concrète, chaleureuse et empreinte des valeurs humanistes, sur la durée et en associant les populations elles-mêmes : tel est la tâche, ample, que le Secours populaire et ses partenaires mahorais s’apprêtent à accomplir.

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